Alice Corbet
Chercheur au Centre d'études et de recherches inte…Régler ce problème de manière populaire et démocratique
02 octobre 2012 - Newsring
La question de l’indépendance du Sahara Occidental attise les passions, comme on le voit bien avec les opinions, souvent tranchées, des participants à ce débat.
Or, ce sont souvent des remarques d’ordre identitaire : comme si le Sahara Occidental était soit intrinsèque à l’identité marocaine, soit fort d’une identité à part.
Qu’en est-il réellement ?
Le Sahara Espagnol était une colonie espagnole, mais ces derniers ne possédaient que quelques « comptoirs » sur la côte (relisez Mermoz et Saint Exupéry pour être sûr de la crainte qu’inspiraient les Reguibat –une tribu guerrière Sahraouie–, au cas où les avions « tombaient » en dehors des comptoirs surprotégés). Le Sahara était habité par plusieurs tribus bédouines, qui fonctionnaient de manière autonome mais s’équilibraient dans le partage du territoire et des rôles, formant ainsi une vraie communauté identitaire. Ils circulaient dans tout l’Ouest Saharien.
Y a-t-il eu allégeance des tribus au Royaume Marocain ? Cela n’a jamais été avéré, même si ponctuellement, certains liens d’allégeance ont été effectués entre un individu en particulier et le royaume marocain, et ce plus pour des raisons économiques que symboliques !
À partir de là, il est difficile de réfuter le droit aux habitants du Sahara « occidental » de décider de leur propre appartenance. Ils ont une langue propre (le hassaniya), des liens entre les tribus très forts, un mode de vie spécifique, une parenté sélective… Que ce soit sous la bannière du Front Polisario ou non, que ce soit dans les camps de réfugiés (situés en Algérie), dans les territoires sous domination marocaine, ou encore au Nord de la Mauritanie, cette population éclatée par la guerre a le droit à choisir si elle sent encore son « esprit de corps » ou si elle se sent« marocaine » !
Or, côté marocain, l’attitude est particulièrement fermée : les« Provinces du Sud » marocaines sont très contrôlées, une attitude coloniale est adoptée (avantages pour les marocains du Nord qui viennent y travailler…), des villes nouvelles –mais vides– sont créées, les ressources naturelles sont exploitées sans réel contrôle, le tourisme se développe dans des « îlots » surveillés… et les Sahraouis y sont opprimés, ainsi que de nombreux rapports (droits humains, etc) le démontrent.
De l’autre côté, les Sahraouis circulent entre la Mauritanie et le Sud de l’Algérie, parfois sous la bannière du Front Polisario qui gère les camps de réfugiés. Ces camps sont visités par de nombreuses ONG qui assurent de la liberté de parole et de mouvement des réfugiés. L’Algérie, quant à elle, n’a grand intérêt à jouer le rôle de facilitateur dans un conflit qui la conforte dans ses oppositions géostratégiques avec son « frère ennemi ». Si quelques Sahraouis sont pro-marocains, et si le Front Polisario est parfois contesté, il n’en demeure pas moins que la grande majorité des Sahraouis souhaite pouvoir bénéficier de son territoire d’appartenance, sans être écrasé par un régime qui lui impose son autorité ou son drapeau.
Face à cela –mais c’est abordé par d’autres personnes dans ce débat-,on ne peut que remarquer l’incapacité de l’ONU à résoudre le problème, observateur muet dont les tergiversations démontrent la faiblesse structurelle. Maroc et Front Polisario (reconnu par l’institution comme le représentant légitime des Sahraouis) restent arrêtés sur leurs positions et mêmes les« tables rondes » organisées depuis quelques années ne servent qu’à attiser les tensions entre des choix en forme d’impasse. Aujourd’hui, les diplomates hésitent entre trois attitude : indépendance, autonomie sous souveraineté marocaine, ou rattachement au Maroc… mais sans régler le problème de base : n’est-ce pas au peuple de choisir lui-même ?
Pourquoi ne pas organiser de referendum, pourquoi ne pas régler ce problème de manière populaire et démocratique ? Le Maroc sait très bien qu’une majorité de Sahraouis veulent l’indépendance, d’où la « guerre des listes (des votants) » : l’enjeu est de savoir qui est Sahraoui ou non, les marocains souhaitant que les colons venus avec la « marche verte »puissent voter, le Front Polisario souhaitant que seuls les « vrais Sahraouis » participent au vote.
Et, en attendant, le conflit s’essentialise de plus en plus, étant à la fois instrumentalisé et orienté sur des questions d’honneur, de fierté, de patriotisme… Les avis sont manipulés, pour faire oublier la complexité du conflit et ses nuances au dépend de sentiments identitaires quasi-fondamentalistes. En effet, beaucoup de personnes sont victimes de la propagande sur ce sujet fermé : mêmes les journalistes marocains qui parlent du sujet en dehors de la ligne officielle finissent en prison (comme Ali Lmrabet, pour avoir dit que les « séquestrés » des camps « du Polisario » étaient en fait des « réfugiés » reconnus par les instances internationales…). Aujourd’hui, le temps passe et fige les opinions ; le conflit s’ensable ; et en attendant, des groupes mafieux profitent de ce territoire indéterminé, au risque de déséquilibrer une région en mal de stabilité
Or, ce sont souvent des remarques d’ordre identitaire : comme si le Sahara Occidental était soit intrinsèque à l’identité marocaine, soit fort d’une identité à part.
Qu’en est-il réellement ?
Le Sahara Espagnol était une colonie espagnole, mais ces derniers ne possédaient que quelques « comptoirs » sur la côte (relisez Mermoz et Saint Exupéry pour être sûr de la crainte qu’inspiraient les Reguibat –une tribu guerrière Sahraouie–, au cas où les avions « tombaient » en dehors des comptoirs surprotégés). Le Sahara était habité par plusieurs tribus bédouines, qui fonctionnaient de manière autonome mais s’équilibraient dans le partage du territoire et des rôles, formant ainsi une vraie communauté identitaire. Ils circulaient dans tout l’Ouest Saharien.
Y a-t-il eu allégeance des tribus au Royaume Marocain ? Cela n’a jamais été avéré, même si ponctuellement, certains liens d’allégeance ont été effectués entre un individu en particulier et le royaume marocain, et ce plus pour des raisons économiques que symboliques !
À partir de là, il est difficile de réfuter le droit aux habitants du Sahara « occidental » de décider de leur propre appartenance. Ils ont une langue propre (le hassaniya), des liens entre les tribus très forts, un mode de vie spécifique, une parenté sélective… Que ce soit sous la bannière du Front Polisario ou non, que ce soit dans les camps de réfugiés (situés en Algérie), dans les territoires sous domination marocaine, ou encore au Nord de la Mauritanie, cette population éclatée par la guerre a le droit à choisir si elle sent encore son « esprit de corps » ou si elle se sent« marocaine » !
Or, côté marocain, l’attitude est particulièrement fermée : les« Provinces du Sud » marocaines sont très contrôlées, une attitude coloniale est adoptée (avantages pour les marocains du Nord qui viennent y travailler…), des villes nouvelles –mais vides– sont créées, les ressources naturelles sont exploitées sans réel contrôle, le tourisme se développe dans des « îlots » surveillés… et les Sahraouis y sont opprimés, ainsi que de nombreux rapports (droits humains, etc) le démontrent.
De l’autre côté, les Sahraouis circulent entre la Mauritanie et le Sud de l’Algérie, parfois sous la bannière du Front Polisario qui gère les camps de réfugiés. Ces camps sont visités par de nombreuses ONG qui assurent de la liberté de parole et de mouvement des réfugiés. L’Algérie, quant à elle, n’a grand intérêt à jouer le rôle de facilitateur dans un conflit qui la conforte dans ses oppositions géostratégiques avec son « frère ennemi ». Si quelques Sahraouis sont pro-marocains, et si le Front Polisario est parfois contesté, il n’en demeure pas moins que la grande majorité des Sahraouis souhaite pouvoir bénéficier de son territoire d’appartenance, sans être écrasé par un régime qui lui impose son autorité ou son drapeau.
Face à cela –mais c’est abordé par d’autres personnes dans ce débat-,on ne peut que remarquer l’incapacité de l’ONU à résoudre le problème, observateur muet dont les tergiversations démontrent la faiblesse structurelle. Maroc et Front Polisario (reconnu par l’institution comme le représentant légitime des Sahraouis) restent arrêtés sur leurs positions et mêmes les« tables rondes » organisées depuis quelques années ne servent qu’à attiser les tensions entre des choix en forme d’impasse. Aujourd’hui, les diplomates hésitent entre trois attitude : indépendance, autonomie sous souveraineté marocaine, ou rattachement au Maroc… mais sans régler le problème de base : n’est-ce pas au peuple de choisir lui-même ?
Pourquoi ne pas organiser de referendum, pourquoi ne pas régler ce problème de manière populaire et démocratique ? Le Maroc sait très bien qu’une majorité de Sahraouis veulent l’indépendance, d’où la « guerre des listes (des votants) » : l’enjeu est de savoir qui est Sahraoui ou non, les marocains souhaitant que les colons venus avec la « marche verte »puissent voter, le Front Polisario souhaitant que seuls les « vrais Sahraouis » participent au vote.
Et, en attendant, le conflit s’essentialise de plus en plus, étant à la fois instrumentalisé et orienté sur des questions d’honneur, de fierté, de patriotisme… Les avis sont manipulés, pour faire oublier la complexité du conflit et ses nuances au dépend de sentiments identitaires quasi-fondamentalistes. En effet, beaucoup de personnes sont victimes de la propagande sur ce sujet fermé : mêmes les journalistes marocains qui parlent du sujet en dehors de la ligne officielle finissent en prison (comme Ali Lmrabet, pour avoir dit que les « séquestrés » des camps « du Polisario » étaient en fait des « réfugiés » reconnus par les instances internationales…). Aujourd’hui, le temps passe et fige les opinions ; le conflit s’ensable ; et en attendant, des groupes mafieux profitent de ce territoire indéterminé, au risque de déséquilibrer une région en mal de stabilité
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