Sunday, August 17, 2014

Michèle Descaster enlevée au Sahara occidental

Michèle Descaster enlevée au Sahara occidental

Françoise Germain-Robin  -  08/08/2014
 
Michele Decaster, présidente de l'AFASPA, l'Association française de solidaritié avec le peuple sahraoui, a été enlevée mercredi soir à l'aéroport d'Al Ayoun, capitale occupée du Sahara occidental où elle se rendait. Témoignage.
Elle a été détenue pendant deux heures et rudoyée par un groupe d'hommes en civil, poussée de force dans un taxi où trois des individus sont montés avec elle et l'ont amenée à Agadir où ils l'ont laissée devant un hotel dans l'après midi de jeudi après une course à tombeau ouvert à travers le Maroc. Michele Decaster, dont le téléphone portable avait été rendu inutilisable par ses ravisseurs, a alors pu entrer en communication avec le Consulat de France et l'Ambassade, ainsi que sa famille. Il s'agit d'un intolérable atteinte à la personne, à la liberté de circuler et à celle d'informer, la présidente de l'AFASPA rendant régulièrement compte des violations des droits des populations sahraouies vivant sous occupation marocaine et du sort indigne fait aux prisonniers politiques par le régime de Rabat.
J’ai été enlevée contre ma volonté hier soir à 21h30 de l’aéroport de Laayoune et séquestrée dans un véhicule présenté comme étant un taxi. Je n'ai pas été expulsée, ayant fait valoir que cette expulsion aurait été illégale car sans décision judiciaire alors que j’étais entrée en toute légalité à Casablanca.
Je n'ai pas pu prévenir mes amis de la suite des événements car ces policiers fourbes et menteurs ont déclaré qu'ils allaient me présenter à une autorité judiciaire comme je le réclamais depuis 2 heures. Mais voyant la vingtaine qu'ils étaient pour me conduire, tous en civil, je me suis dit que ma sécurité pour être assurée nécessitait que je prévienne le Consulat et les défenseurs des droits de l'homme. Ils m'ont interdit de téléphoner, ce que j'ai voulu faire mais l'un d'eux plus vindicatif que les autres m'a saisi la main pour me prendre mon mobile. Dans la bousculade qui eut lieu, il a fait valser la batterie que je n'ai pu rattraper. Donc mon téléphone qui n'a plus de cache ni de batterie est hors d'usage. Ils m'ont ensuite conduit à ce qu'ils ont déclaré être un taxi où je ne voulais pas monter sans ma batterie. Ils se sont alors mis à trois pour me pousser dans le véhicule, un autre passant par l'autre porte pour me tirer... Je précise que je n'ai pas été tabassée, seulement rudoyée à deux reprises : dans l'aéroport et devant le taxi. Deux hommes en civils sont motés à bord en sus du chauffeur. 3 fourgons des GUS (Groupes Urbains de Sécurité) nous ont "escortés" jusqu'à la sortie de Laayoune ainsi qu'un véhicule banalisé qui fut seul à nous suivre jusqu'à la sortie du territoire non autonome du Sahara occidental. Direction Agadir m’a-t-on annoncé alors. Pour quoi y faire ???
Durant le voyage j’ai craint plusieurs fois que nous ayons un accident : le chauffeur roulait « à tombeau ouvert », téléphonant sans cesse ou répondant à des appels alors qu’une circulation importante de gros camions venant en face éblouissait souvent. Je ne pouvais m’attacher, les ceintures à l’arrière ne pouvant être accrochées. D’ailleurs personne n’était attaché. Les deux portières arrière étant bloquées, si nous avions eu un accident nous n’aurions pu sortir. On ne m’a permis qu’une seule fois d’aller aux « toilettes » plus d’une heure après que j’en ais eu fait demande. Il fallait que mes « accompagnateur » téléphonent à droite et à gauche pour y accéder, de même pour que je puisse avoir accès à mon bagage à main enfermé dans le coffre. Le taxi ne s’est pas arrêté dans l’un des restaurants devant lesquels nous sommes passés, mais à la dernière pompe à carburant où les WC femmes étaient d’une puanteur écœurante, sans chasse d’eau ni porte, dans un couloir dont la porte n’avait pas de serrure.
Ma deuxième demande n’a pas été exhaussée car nous approchions d’Agadir. Pourtant c’est à Inzgen qu’on a prétendu me débarquer vers 4h30 devant un hôtel miteux où d’ailleurs personne n’avait réservé de chambre. J’ai refusé de quitter la voiture un policier est intervenu à la demande du chauffeur, mais il a fait droit à mon exigence d’être conduite dans un hôtel correct à Agadir.
J'été reçu très courtoisement par la Vice Consul de France à Agadir et je vais voir l'Ambassade de France qui, prévenue de ce qui s'était passé par les militants sahraouis défenseurs des droits de l'Homme, a tenté de me joindre à 2 reprises.
voilà ce qu'il en est des progrès des droits de l'homme, version marocaine,
Voilà ce qu'il en est de l'ambargo médiatique que le Maroc veut imposer sur ce territoire non autonome sur lequel il n'a aucun mandat international ou autorité légale
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