Saturday, January 11, 2014

Mahjoubi Aherdan révèle le côté sombre de Allal El Fassi


Mahjoubi Aherdan révèle le côté sombre de Allal El Fassi

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Au Maroc peu de gens savent ce qui s’est passé après la proclamation de l’indépendance en 1956. Après le départ de la France et de l’Espagne et l’abolition du régime du protectorat, le Parti de l’Istiqlal, dirigé alors par Allal El Fassi, se lança dans une féroce campagne d’épuration de la classe politique marocaine. Par épuration, il ne faut pas comprendre qu’on a « épuré » ceux qui ont collaboré avec le colonisateur, il s’agissait plutôt de la liquidation physique des résistants marocains dont beaucoup étaient des héros. Leur seul crime était qu’ils ne voulaient pas se soumettre à l’Istiqlal, parti hégémonique et totalitaire aux méthodes expéditives.
Allal El Fassi, mais aussi des personnalités comme Mehdi ben Barka, qui à l’époque, avec ses amis futurs « socialistes », était un membre dirigeant de l’Istiqlal, lancèrent contre leurs adversaires politiques marocains une cruelle guerre, avec des meurtres en pleine rue, des attaques dans la lumière du jour contre les domiciles des réfractaires et surtout des arrestations et des exécutions extra-judiciaires, à l’instar de ce que font actuellement les Israéliens aux Palestiniens dans les territoires occupés.
A l’époque il n’y avait pas de choix pour les nationalistes qui venaient à peine de vaincre et de mettre dehors les colonisateurs. Les militants et les dirigeants de partis comme par exemple celui de Mohamed ben Hassan OuazzaniHizb Choura wal Istiqlal (Parti de la démocratie et de l’indépendance, PDI), avaient le choix entre la soumission totale à l’Istiqlal ou la mort.
Des centaines, voire des milliers selon certains témoins, résistants marocains ont été, sous le regard complice du sultan Mohamed V et du futur roi Hassan II, enlevés, torturés et assassinés. Leurs corps sont encore enterrés dans des charniers parfaitement localisés mais que les actuelles autorités marocaines ne veulent pas exhumer.
Hier, samedi 11 janvier 2014, le cacique berbère Mahjoubi Aherdan, vieux compagnon de route de la monarchie alaouite et fondateur du Mouvement populaire (MP), un parti qui se veut amazigh mais qui est en réalité une courroie de transmission du Makhzen, a présenté un livre de souvenirs dans lequel il rapporte une conversation entre le docteur Abdelkrim Khatib, co-fondateur du MP, et Allal El Fassi.
C’était à Tétouan, tout de suite après l’indépendance, dans une maison proche de Dar Bricha, un haut lieu de la torture et du meurtre utilisé par l’Istiqlal pour mater ses opposants. Pendant que Allal El Fassi se délectait de musique andalouse, le docteur Khatib était extrêmement gêné par les lamentations et les gémissements des nationalistes kidnappés par les milices istiqlaliennes qui sortaient de la cave de Dar Bricha.
« Pendant que tu écoutes de la musique andalouse, il y a des gens qui meurent à côté », fit remarquer le docteur Khatib à El Fassi. Réponse du zaïm (caudillo) : « Qu’ils crèvent! ».
Il manque au Maroc d’aujourd’hui de vrais historiens qui soient capables de faire un véritable travail de récupération de la mémoire historique en forçant l’entrée de certaines archives, nationales et étrangères. Il y a vraiment beaucoup de choses à dire sur l’après indépendance.
Comme par exemple la responsabilité de l’Istiqlal dans la deuxième Guerre du Rif (1958-1959) ou celle de l’istiqlalien et futur fondateur de l’Union socialiste des forces populaires (UNFP) Mehdi Ben Barka dans l’enlèvement et l’assassinat de l’un des chefs de l’Armée de libération nationale (ALNAbbas Messaâdi, tué à Fès en 1956.  
C’était un peu moins de dix ans avant un autre enlèvement et assassinat, sur ordre cette fois-ci du roi Hassan II. Celui d’un certain … Mehdi Ben Barka.
Ali Benacher
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