Sahara occidental : le combat contesté de Réginevendredi 29 octobre 2010
Régine Villemont se bat depuis 35 ans pour la cause sahraouie. La militante sort un livre. Et organise une conférence internationale, critiquée par un collectif d'amis du Maroc.
Entretien
Régine Villemont,
secrétaire générale de l'association des Amis de la RASD (1).
A quoi sert la conférence internationale de soutienau Sahara occidental, organiséece week-end au Mans ?
Le but est de coordonner la solidarité et la politique humanitaire auprès du peuple sahraoui. Elle a lieu tous les ans, depuis le début du conflit, en 1975. C'est un soutien au Polisario, qui se bat pour l'indépendance de la République arabe sahraouie démocratique. Ça permet aussi de s'adresser de manière solennelle à l'Onu, aux États.
Qui vient à cette conférence ?
Plus de 400 personnes : ONG, comités associatifs, élus. On a un député péruvien, une sénatrice brésilienne, des élus angolais, algériens, un représentant de l'Union africaine, du haut comité aux réfugiés.
Un collectif des amis du Maroc voit cette conférence d'un mauvais oeil.
Il y a des gens qui en rajoutent dans le nationalisme. Le Maroc utilise à plein les moyens de pression. Sur internet, on lit que des enfants du Sahara seraient déportés à Cuba pour du tourisme sexuel. C'est de la propagande grossière et malsaine. Quand certains Marocains célèbrent la Marche verte, on ne vient pas les embêter.
Dans ce conflit, la France soutient le Maroc.
L'amitié avec le Maroc transpire dans les pores de l'administration. Il y a le souci de ne pas gêner le royaume. Même les syndicats ne veulent pas affronter leurs homologues marocains.
Un ancien du Polisario est devenu ambassadeur du Maroc en Espagne. Signe d'un affaiblissement des militantsde l'indépendance ?
Ce n'est pas le premier, ni le dernier, à partir. Beaucoup en ont marre des campements, le Maroc leur promet monts et merveilles, ils se laissent séduire. Il y a aussi un peu d'opportunisme. S'ils n'ont pas trop de famille au Sahara, certains collaborent. C'est plus une lassitude qu'un manque de confiance à l'égard du Polisario.
Pourquoi ne pas accepterla proposition d'autonomie ?
Ce n'est pas respectueux de la légalité internationale : le droit à l'autodétermination est prévu dans la résolution de l'Onu. Résolution jamais appliquée, parce que le Maroc ne veut pas du référendum.
Vous publiez un livre sur 35 ans de solidarité avec le Sahara.
Je raconte comment la solidarité européenne a évolué. Au début, quand il y avait la guerre, c'était un gros enjeu politique. Giscard soutenait le Maroc et la Mauritanie, la gauche soutenait les Sahraouis. Aujourd'hui, c'est moins politisé, les positions varient selon l'avancée du plan de paix. Mais ça reste David contre Goliath.
Recueilli parJérôme LOURDAIS / Ouest-France
Entretien
Régine Villemont,
secrétaire générale de l'association des Amis de la RASD (1).
A quoi sert la conférence internationale de soutienau Sahara occidental, organiséece week-end au Mans ?
Le but est de coordonner la solidarité et la politique humanitaire auprès du peuple sahraoui. Elle a lieu tous les ans, depuis le début du conflit, en 1975. C'est un soutien au Polisario, qui se bat pour l'indépendance de la République arabe sahraouie démocratique. Ça permet aussi de s'adresser de manière solennelle à l'Onu, aux États.
Qui vient à cette conférence ?
Plus de 400 personnes : ONG, comités associatifs, élus. On a un député péruvien, une sénatrice brésilienne, des élus angolais, algériens, un représentant de l'Union africaine, du haut comité aux réfugiés.
Un collectif des amis du Maroc voit cette conférence d'un mauvais oeil.
Il y a des gens qui en rajoutent dans le nationalisme. Le Maroc utilise à plein les moyens de pression. Sur internet, on lit que des enfants du Sahara seraient déportés à Cuba pour du tourisme sexuel. C'est de la propagande grossière et malsaine. Quand certains Marocains célèbrent la Marche verte, on ne vient pas les embêter.
Dans ce conflit, la France soutient le Maroc.
L'amitié avec le Maroc transpire dans les pores de l'administration. Il y a le souci de ne pas gêner le royaume. Même les syndicats ne veulent pas affronter leurs homologues marocains.
Un ancien du Polisario est devenu ambassadeur du Maroc en Espagne. Signe d'un affaiblissement des militantsde l'indépendance ?
Ce n'est pas le premier, ni le dernier, à partir. Beaucoup en ont marre des campements, le Maroc leur promet monts et merveilles, ils se laissent séduire. Il y a aussi un peu d'opportunisme. S'ils n'ont pas trop de famille au Sahara, certains collaborent. C'est plus une lassitude qu'un manque de confiance à l'égard du Polisario.
Pourquoi ne pas accepterla proposition d'autonomie ?
Ce n'est pas respectueux de la légalité internationale : le droit à l'autodétermination est prévu dans la résolution de l'Onu. Résolution jamais appliquée, parce que le Maroc ne veut pas du référendum.
Vous publiez un livre sur 35 ans de solidarité avec le Sahara.
Je raconte comment la solidarité européenne a évolué. Au début, quand il y avait la guerre, c'était un gros enjeu politique. Giscard soutenait le Maroc et la Mauritanie, la gauche soutenait les Sahraouis. Aujourd'hui, c'est moins politisé, les positions varient selon l'avancée du plan de paix. Mais ça reste David contre Goliath.
Recueilli parJérôme LOURDAIS / Ouest-France
1 comment:
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