Saturday, May 03, 2008

Sahara Occidental: l’Onu demande la poursuite des négociations
vendredi 2 mai 2008 par M. Saâdoune
Le Conseil de sécurité demande aux parties au conflit du Sahara Occidental de « poursuivre les négociations sous les auspices du secrétaire général (Ban Ki-moon), sans conditions préalables et de bonne foi ».
A lire la résolution adoptée mercredi, à l’issue d’âpres débats, par le Conseil de sécurité, le représentant personnel du secrétaire général de l’Onu, Peter Van Walsum, aura du mal à venir à la prochaine rencontre de Manhasset en exigeant du Polisario qu’il renonce à l’option de l’indépendance. Sans conditions cela veut dire... sans condition. Cela veut dire qu’on ne peut négocier en partant de la condition du renoncement à l’option d’indépendance. M. Van Walsum ne peut, en se basant sur la résolution, imposer sa propre vision -qui est celle de Rabat- de la solution au problème. La demande de Van Walsum était évidente : que le Conseil de sécurité dicte aux parties aux négociations une « condition préalable », celle d’une discussion confinée au plan d’autonomie présenté par le Maroc. Il ne l’a pas obtenue même si la résolution du Conseil de sécurité a approuvé la recommandation, faite par M. Ban dans son dernier rapport, pour que « les parties fassent preuve de réalisme et d’un esprit de compromis afin de maintenir l’élan imprimé au processus de négociation ». Il est clair pour le Maroc -et Washington et Paris- que la notion de « réalisme » renvoie aux propos controversés de M. Van Walsum sur le caractère « irréaliste » de l’option d’indépendance. Mais une résolution de l’Onu ne s’interprète pas de manière elliptique ou par sous-entendus et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle a été adoptée à l’unanimité, y compris par ceux qui ne font pas mystère de leur soutien à l’autodétermination, pleine et entière du peuple sahraoui. Non sans un zeste d’impertinence, le Front Polisario a décidé de s’approprier les notions de « réalisme » et de « compromis » en invitant le Maroc à engager « des négociations de fond ».
Le réalisme et le sens du compromis consistent pour le Polisario dans la reconnaissance par le Maroc de la « réalité nationale incontournable (...) portée par un peuple sûr de son bon droit à l’autodétermination », au Sahara Occidental. « La voie réaliste signifie l’exercice libre et démocratique par le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance à travers un référendum régulier et respectueux de la doctrine et de la pratique des Nations unies, en matière de décolonisation.
(...) Toute autre voie serait un véritable déni de justice » indique un communiqué du Polisario publié après l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité.
L’Algérie, de son coté, s’est félicitée de la « constance de la position du Conseil de sécurité » de l’Onu sur la nature du conflit du Sahara Occidental et les conditions de son règlement, après l’adoption, mercredi, de la résolution 1813 réaffirmant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Pour Alger, le Conseil de sécurité a « solennellement réaffirmé son ferme attachement à la légalité internationale concernant cette question de décolonisation ». C’est que si la notion de « réalisme » peut prêter à équivoque après la sortie de Van Walsum, la résolution du Conseil de sécurité affirme, de manière claire, que les négociations entre le Maroc et le Polisario doivent viser à « parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoit à l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental ».
Rabat a également salué la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU en la qualifiant d’« étape importante » et estime que la référence au « réalisme et au compromis » est « un tournant » qui « consolide les acquis marocains ». La presse marocaine est encore plus catégorique et affirme que l’Onu a rejeté « définitivement l’option d’indépendance ».
Rien, néanmoins, dans le texte de la résolution du Conseil de sécurité n’impose au Polisario, au nom du réalisme et du compromis, d’accepter la « condition préalable » du renoncement à l’indépendance. Ces termes qui relèvent de la politique n’ont pas d’effet juridique sur la notion codifiée et connue de l’autodétermination. M. Van Walsum sera bien contraint, au cours de la prochaine rencontre, d’entendre, quitte à ce que son ouïe en soit chagrine, le mot indépendance à côté de celui d’autonomie. Mais il est clair que la bataille diplomatique engagée par Washington et Paris va se poursuivre à l’effet d’imposer l’autonomie comme seule option. Ils doivent cependant pour y parvenir amener l’Onu à décréter, à l’encontre de tout ce qu’elle a fait depuis plus de trois décennies, que le peuple sahraoui n’est pas éligible au droit à l’autodétermination. L’autre option consiste à créer une nouvelle jurisprudence qui, au nom du « réalisme », annulerait purement et simplement le droit à l’autodétermination. Dans ce domaine, Washington, en dépit de son poids, sait qu’elle rencontrera une opposition très vive à l’Onu. La résolution du Conseil de sécurité reste dans la ligne classique du principe de l’autodétermination et ne peut être considérée comme une victoire pour le Maroc. Mais on peut s’attendre, pour les prochains mois, à d’intenses batailles diplomatiques.
© Le Quotidien d’Oran http://www.spcm.org/Journal/spip.php?breve12333

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