Le jeu à double entente du Maroc
27 Juillet 2008
Après les ministres, ce sont les sénateurs marocains qui appellent l’Algérie à «oeuvrer» pour l’édification de l’UMA.
Les sénateurs marocains ont appelé, ce week-end, l’Algérie à dépasser les malentendus et à oeuvrer pour l’édification de l’Union du Maghreb arabe. «Nous appelons nos frères en Algérie à faire preuve de conscience et à retrouver la voie de la sagesse et de la raison pour surmonter les retombées de ce différend, purement bilatéral, qui se dresse en obstacle, devant la réalisation des aspirations des peuples de notre région à la solidarité, à l’intégration, à l’unité des rangs et à l’édification de l’Union maghrébine escomptée», a affirmé, vendredi dernier, le président de la Chambre des conseillers, Mustapha Oukacha, dans son discours de clôture de la session de printemps.En présence du Premier ministre, Abbas El Fassi, et des membres du gouvernement, M.Oukacha a réaffirmé la mobilisation de la Chambre derrière le «Roi Mohammed VI et son engagement total à soutenir l’action du Royaume concernant la question du Sahara occidental à travers la proposition d’un statut d’autonomie des provinces du sud dans le cadre de la souveraineté nationale en tant que solution durable, pacifique et négociée». Pourquoi cette déclaration aujourd’hui et maintenant? Que cherche le Maroc? Qui induit-il en erreur lorsqu’il est question, dans cet appel, de «différend purement bilatéral» alors que l’Algérie n’est pas partie prenante dans le contentieux sahraoui. Qui Rabat cherche-t-il à convaincre en faisant l’impasse sur le fond du problème qui reste une question de décolonisation comme le stipulent les nombreuses résolutions du Conseil de sécurité. La chambre des conseillers appelle aussi à une «solution durable, pacifique et négociée» Négociée avec qui? Certes pas avec l’Algérie, d’autant plus que des négociations directes se déroulent sous l’égide de l’ONU entre le Royaume du Maroc et le Front Polisario. Encore une fois, Rabat s’est trompé d’adresse alors qu’à l’évidence, il fallait s’adresser au Polisario, que théoriquement le Maroc doit rencontrer prochainement pour une quatrième série de discussions. Aussi, l’appel des sénateurs marocains est loin d’être un fait du hasard. Il intervient au moment où une délégation marocaine s’est rendue à l’ONU pour se renseigner sur le dossier du Sahara occidental.Le silence affiché par cette instance a suscité l’inquiétude du souverain chérifien, lequel a dépêché ses émissaires auprès de Ban Ki-moon dans l’intention de tirer profit de la situation prévalant dans la région du Sahel. Rabat veut imposer son plan d’autonomie aux Sahraouis, lesquels revendiquent toujours un référendum d’autodétermination conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité dans ce sens et au plan Baker accepté par les deux parties, le Maroc et le Polisario. Or, le Maroc refuse toute solution de bon sens et veut imposer sa propre «solution» à un conflit qui entre dans sa quatrième décennie. Pour lui, l’option du référendum qui ne sera organisé que s’il se limitait à la seule proposition de l’autonomie sous souveraineté marocaine, ou comme le revendiquait le défunt Hassan II, un «référendum confirmatif».Ce qui, en droit international, est une absurdité et n’a pas de sens C’est pourquoi la question du Sahara occidental reste en suspens et compromet toute initiative d’unification. Tout en rejetant le principe de référendum d’autodétermination d’un côté, le Maroc plaide pour l’édification de l’Union du Maghreb arabe de l’autre.En lançant des invitations à l’adresse d’Alger, Rabat veut sauver sa peau et mettre la balle dans le camp du gouvernement algérien. En adoptant cette stratégie grossière, le Royaume joue le conciliateur à peu de frais et se présente même comme la victime puisque il demande à Alger de «faire preuve de conscience et à retrouver la voie de la sagesse et de la raison». Or, l’histoire témoigne que c’est le Maroc qui était à l’origine du blocage du processus de l’UMA depuis 1994. Nul n’ignore, en fait, que l’ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Abdelatif Fillali, avait écrit au président, en exercice, de l’UMA, Zine El Abidine Ben Ali, lui demandant de «geler les activités» de l’UMA à la suite du message du président Liamine Zeroual à la Commission de décolonisation de l’OUA qui venait de s’autodissoudre, lui rappelant qu’il existe encore un pays africain sous domination, le Sahara occidental.Aussi, si l’UMA est moribonde cela est dû à la politique aventureuse du Maroc qui n’a pas pris en compte les intérêts du Royaume chérifien lui-même et de l’ensemble des peuples du Maghreb. Maintenant, s’il s’agit d’un appel détourné pour inciter l’Algérie à ouvrir ses frontières, il faut avouer que c’est bien maladroit alors que le Maroc esquive ses responsabilités dans la situation qui mena à leur fermeture. En tout état de cause, le gouvernement algérien estime que l’ouverture de la frontière entre l’Algérie et le Maroc n’est pas une priorité et la conditionne à la mise en place d’une stratégie globale de paix et de coopération dans le Maghreb.
Nadia BENAKLI http://www.lexpressiondz.com/article/2/2008-07-27/54761.html
Après les ministres, ce sont les sénateurs marocains qui appellent l’Algérie à «oeuvrer» pour l’édification de l’UMA.
Les sénateurs marocains ont appelé, ce week-end, l’Algérie à dépasser les malentendus et à oeuvrer pour l’édification de l’Union du Maghreb arabe. «Nous appelons nos frères en Algérie à faire preuve de conscience et à retrouver la voie de la sagesse et de la raison pour surmonter les retombées de ce différend, purement bilatéral, qui se dresse en obstacle, devant la réalisation des aspirations des peuples de notre région à la solidarité, à l’intégration, à l’unité des rangs et à l’édification de l’Union maghrébine escomptée», a affirmé, vendredi dernier, le président de la Chambre des conseillers, Mustapha Oukacha, dans son discours de clôture de la session de printemps.En présence du Premier ministre, Abbas El Fassi, et des membres du gouvernement, M.Oukacha a réaffirmé la mobilisation de la Chambre derrière le «Roi Mohammed VI et son engagement total à soutenir l’action du Royaume concernant la question du Sahara occidental à travers la proposition d’un statut d’autonomie des provinces du sud dans le cadre de la souveraineté nationale en tant que solution durable, pacifique et négociée». Pourquoi cette déclaration aujourd’hui et maintenant? Que cherche le Maroc? Qui induit-il en erreur lorsqu’il est question, dans cet appel, de «différend purement bilatéral» alors que l’Algérie n’est pas partie prenante dans le contentieux sahraoui. Qui Rabat cherche-t-il à convaincre en faisant l’impasse sur le fond du problème qui reste une question de décolonisation comme le stipulent les nombreuses résolutions du Conseil de sécurité. La chambre des conseillers appelle aussi à une «solution durable, pacifique et négociée» Négociée avec qui? Certes pas avec l’Algérie, d’autant plus que des négociations directes se déroulent sous l’égide de l’ONU entre le Royaume du Maroc et le Front Polisario. Encore une fois, Rabat s’est trompé d’adresse alors qu’à l’évidence, il fallait s’adresser au Polisario, que théoriquement le Maroc doit rencontrer prochainement pour une quatrième série de discussions. Aussi, l’appel des sénateurs marocains est loin d’être un fait du hasard. Il intervient au moment où une délégation marocaine s’est rendue à l’ONU pour se renseigner sur le dossier du Sahara occidental.Le silence affiché par cette instance a suscité l’inquiétude du souverain chérifien, lequel a dépêché ses émissaires auprès de Ban Ki-moon dans l’intention de tirer profit de la situation prévalant dans la région du Sahel. Rabat veut imposer son plan d’autonomie aux Sahraouis, lesquels revendiquent toujours un référendum d’autodétermination conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité dans ce sens et au plan Baker accepté par les deux parties, le Maroc et le Polisario. Or, le Maroc refuse toute solution de bon sens et veut imposer sa propre «solution» à un conflit qui entre dans sa quatrième décennie. Pour lui, l’option du référendum qui ne sera organisé que s’il se limitait à la seule proposition de l’autonomie sous souveraineté marocaine, ou comme le revendiquait le défunt Hassan II, un «référendum confirmatif».Ce qui, en droit international, est une absurdité et n’a pas de sens C’est pourquoi la question du Sahara occidental reste en suspens et compromet toute initiative d’unification. Tout en rejetant le principe de référendum d’autodétermination d’un côté, le Maroc plaide pour l’édification de l’Union du Maghreb arabe de l’autre.En lançant des invitations à l’adresse d’Alger, Rabat veut sauver sa peau et mettre la balle dans le camp du gouvernement algérien. En adoptant cette stratégie grossière, le Royaume joue le conciliateur à peu de frais et se présente même comme la victime puisque il demande à Alger de «faire preuve de conscience et à retrouver la voie de la sagesse et de la raison». Or, l’histoire témoigne que c’est le Maroc qui était à l’origine du blocage du processus de l’UMA depuis 1994. Nul n’ignore, en fait, que l’ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Abdelatif Fillali, avait écrit au président, en exercice, de l’UMA, Zine El Abidine Ben Ali, lui demandant de «geler les activités» de l’UMA à la suite du message du président Liamine Zeroual à la Commission de décolonisation de l’OUA qui venait de s’autodissoudre, lui rappelant qu’il existe encore un pays africain sous domination, le Sahara occidental.Aussi, si l’UMA est moribonde cela est dû à la politique aventureuse du Maroc qui n’a pas pris en compte les intérêts du Royaume chérifien lui-même et de l’ensemble des peuples du Maghreb. Maintenant, s’il s’agit d’un appel détourné pour inciter l’Algérie à ouvrir ses frontières, il faut avouer que c’est bien maladroit alors que le Maroc esquive ses responsabilités dans la situation qui mena à leur fermeture. En tout état de cause, le gouvernement algérien estime que l’ouverture de la frontière entre l’Algérie et le Maroc n’est pas une priorité et la conditionne à la mise en place d’une stratégie globale de paix et de coopération dans le Maghreb.
Nadia BENAKLI http://www.lexpressiondz.com/article/2/2008-07-27/54761.html
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