Le Maroc a décidé, le 15 janvier dernier, de fermer son ambassade à Caracas au Venezuela. «Cette décision fait suite à l'hostilité croissante des autorités vénézuéliennes à l'égard de la question de l'intégrité territoriale du Royaume du Maroc », selon le ministère marocain des Affaires étrangères. La décision semble liée aux dernières déclarations de l'ambassadeur du Venezuela à Alger. Le 10 janvier, Caracas avait réitéré son soutien à la cause du peuple sahraoui et son droit à l'autodétermination. Ce jour-là, l'ambassadeur du Venezuela en Algérie avait également présenté ses lettres de créances au président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, à Tindouf. Depuis cette décision de fermeture, l'ambassade a déménagé à Saint Domingue (République Dominicaine). Cette mesure, à mi-chemin entre le rappel del'ambassadeur en consultations et la rupture des relations diplomatiques, démontre certes à quel point la politique pro-Polisario du président Hugo Chavez irrite le royaume marocain. Mais la position de M. Chavez n'est pas nouvelle et le Venezuela n'est pas le seul pays au monde à soutenir la RASD. L'Algérie par exemple lui fournit un soutien beaucoup plus direct et plus engagé. Pourquoi alors le Maroc a-t-il choisi ce moment précis pour rompre ses relations avec le Venezuela ? La fermeture de l'ambassade marocaine intervient dans un contexte marqué par un pic de popularité du président Chavez dans le monde arabe, et particulièrement au Maroc. Sur les forums Internet, des milliers de marocains saluent la décision du président du Venezuela et durant les manifestations de soutien à Gaza au Maroc, les portraits de Chavez ont été brandis par la foule. Le président vénézuélien s'est en effet distingué par la décision d'expulser l'ambassadeur d'Israël de son pays. Une hardiesse et une fermeté qui ont valu à son auteur une admiration mêlée à de la reconnaissance chez les opinions publique arabes. Or, cette popularité de Chavez n'est pas sans gêner Rabat. En soutenant les Palestiniens, le président Venezuela a démontré qu'il était un homme qui soutient les causes justes. Et c'est dans cette optique que son soutien à la cause sahraouie pouvait être compris par l'opinion arabe, y compris même marocaine. Et Rabat ne veut surtout pas que la cause sahraouie, qu'elle présente comme n'étant pas fondée, soit soutenue par ce « héros ». Celui-là même qui s'est positionné contre toutes les formes d'injustice et d'inégalités sociales et qui a courageusement assumé ses positions antiaméricaines. Face à ce danger, Rabat n'avait d'autre choix que tenter de discréditer Hugo Chavez. Au risque d'un amalgame dangereux : la décision marocaine a été interprétée comme une riposte à l'expulsion par le Venezuela de l'ambassadeur d'Israël. C'est à se demander alors si le royaume marocain a bien mesuré la portée de sa décision ?
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