Wednesday, March 11, 2009


El Ayoun, Smara et Dekhla dans la wilaya de Tindouf
Dans les camps de réfugiés sahraouis, un peuple résiste
10-03-2009
Photo : Riad
De notre envoyé spécial à TinfoufSamir Azzoug
«On est pratiquement le seul peuple à pouvoir vivre dans ces conditions», déclare d’une voix mêlée de fierté et de tristesse, la mère de Neguya bent Salah. Drapée dans sa «melhfa» aux couleurs chatoyantes, accroupie sur un tapis rouge, derrière un récipient de braises et un plateau à thé, la quinquagénaire prépare, avec des gestes lents et précis, le breuvage presque sacré des habitants du Sud. «T’you [vous prenez du thé] ?» répète plus d’une dizaine de fois par jour, la chef de famille. Dans la société sahraouie, la femme occupe un rang social très important. Par la force des choses, à l’image des Touareg, le modèle familial est matriarcal. «L’homme est soit mobilisé dans les rangs de l’armée de libération, soit en déplacement pour le travail ou bien à l’étranger», explique Neguya. Visage souriant, traits nobles, regard abyssal, la jeune mère de famille de vingt-huit ans est d’une beauté ensorceleuse. De cette vénusté qui naît de la résistance et de l’orgueil. Yeux en forme d’amande, nez de félin et lèvres fines, le tout entouré d’une peau douce et soyeuse -grâce au contact du sable- déclinant toutes les teintes du chocolat, la femme sahraouie est une autre splendeur issue du désert. Quand la beauté naît de la rudesse, elle ne peut que subjuguer. Qu’y a-t-il de plus féérique que la vue d’une gazelle dans son milieu naturel ? Des vents violents se forme la rose des sables.
Un peuple souffre en silence
Parfois, les apparences sont trompeuses. Souvent de la misère naquit le sublime. Quand la cruauté des hommes s’allie à la dureté de la nature pour martyriser un peuple, les voies de la souffrance ouvrent grands leurs passages. Rares sont les occasions de voir à l’œil nu toutes les composantes de la pauvreté, de la précarité et de l’indigence. Il est encore plus exceptionnel de pouvoir vivre avec tous ses sens cette souffrance quotidienne qui touche toute une communauté. Au XXIe siècle, à l’ère de la mondialisation et de l’information instantanée, un peuple souffre les affres du temps et des gens. Colonisé, réprimé, dispersé puis exilé, le peuple sahraoui se retrouve éparpillé dans des camps de réfugiés. A El Ayoune, Smara et Dekhla, trois camps implantés sur le territoire algérien, dans la wilaya de Tindouf, le tableau est le même. Existe-t-il de par le monde un lieu plus misérable qu’un camp de réfugiés ? Dans ces espaces, la précarité s’érige en règle. Quand on sait que l’on n’est pas chez soi, sans savoir à quel moment on y reviendra. Quand on attend avec conviction un avenir qui tarde à se montrer. Quand on espère quelque chose qui ne dépend pas seulement de soi. On mène sa vie au gré du temps et des circonstances. La patience se transforme en souffrance et l’existence en subsistance. Chassée d’El Ayoune, la capitale du Sahara occidental, occupée par l’armée marocaine dans les années 1970, la famille de Neguya, après avoir passé quelques années dans le camps de réfugiés de Rabouni (aujourd’hui siège de la présidence sahraouie) à quelques dizaines de kilomètres de Tindouf (Sud-Ouest algérien), s’est établie à Dekhla (200 km environ de Tindouf).

1 comment:

عبد العالي said...

هدشي كلو سر عودو المك