Le Front Polisario redéfinit sa stratégie07h40 18/12/2007 - © Reuters(Photo:Soldats du Front Polisario), Le Front Polisario votera ce mardi pour une éventuelle reprise de la lutte armée contre le Maroc au Sahara occidental, a annoncé dimanche à Reuters un responsable du mouvement indépendantiste.
L'ancien territoire espagnol, annexé en 1975 par le Maroc, est revendiqué par le Polisario. Un cessez-le-feu, supervisé par les casques bleus de la Minurso, prévaut depuis 1991 sur ces vastes étendues de sable riches en phosphates et, potentiellement, en hydrocarbures et dont le littoral atlantique est l'un des plus poissonneux au monde.
Le Polisario est réuni en congrès à Tifariti, un avant-poste qu'il contrôle, pour, selon Mahmed Kahdad, choisir entre trois options : relance de la lutte armée, poursuite des négociations ou mélange des deux.
"Les pourparlers ont donné lieu hier à un vaste débat", a confié par téléphone ce haut responsable du Polisario qui est aussi porte-parole du congrès de Tifariti, situé à 300 km à l'est de Layoune, capitale du Sahara occidental.
"Les militaires affirment: 'On ne peut pas négocier indéfiniment. Il faut réexaminer la situation (....) Nous devrions proposer de reprendre les armes'.
"D'autres disent: 'Non, non, continuons à négocier parce qu'une troisième session de pourparlers est prévue en janvier'".
Khadad a ajouté: "Nous voterons sur ce point le 18 décembre, à l'issue du congrès".
"Et puis existe une troisième ligne, qui consiste à dire: 'on ne peut pas négocier indéfiniment, peut-être devrions-nous réunir un nouveau congrès pour faire le point et arrêter une décision dans six, 12 ou 18 mois'".
Des responsables sahraouis pensent que le secrétariat national du Polisario recommandera une voie moyenne aux quelque 1.500 congressistes réunis à Tifariti: s'apprêter à reprendre la lutte armée tout en poursuivant au même moment les négociations.
RÉFÉRENDUM INTROUVABLESi cette approche était approuvée, ce serait la première fois depuis 1991 que la stratégie du Polisario comporterait des préparatifs de guerre dans ce territoire de 260.000 habitants.
La guerre a éclaté dès le retrait, en 1975, de l'Espagne en pleine agonie de Franco et selon une estimation publiée dans les années 1990 par l'Institut international de recherche pour la paix de Stockholm, le conflit aurait fait de 10.000 à 13.000 morts.
La trêve des combats conclue en 1991 prévoyait un référendum d'autodétermination organisé par les Nations unies et offrant le choix entre l'intégration au Maroc ou l'indépendance pure et simple qui n'a finalement jamais eu lieu.
Rabat, qui affirme haut et fort la "marocanité des provinces sahariennes spoliées", exclut désormais semblable consultation et bénéficie de l'appui de la France pour son propre plan accordant une large autonomie aux Sahraouis mais dans le cadre de la souveraineté marocaine.
Une troisième série de pourparlers de paix est prévue du 7 au 9 janvier sous l'égide de l'Onu. Les deux précédentes, organisées cette année près de New York, n'ont pas permis de progresser en vue de sortir de l'impasse.
Aucun pays ne reconnaît officiellement la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental mais le Conseil de sécurité est divisé sur une solution du conflit, Paris et Washington penchant en faveur de Rabat.
Le Polisario est généralement considéré comme militairement inférieur au Sahara occidental où l'armée marocaine, forte de 100.000 hommes, a édifié un mur de sable de 1.500 km de long face aux quelque 12.000 combattants des "khatibas" du Polisario.
Version française Jean-Loup Fiévet
http://www.lepoint.fr/content/monde/article?id=215107