Le Maroc dos au mur
29/08/2012 - Omar Berbiche - ElWatan.com
Nouveau revers diplomatique pour le Maroc : le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, vient
de renouveler sa confiance à son envoyé personnel pour le Sahara occidental, Christopher Ross. Le médiateur de l’ONU avait été jugé indésirable dans la région, en mai dernier, par le palais royal suite à ses déclarations jugées «partiales et déséquilibrées». Le rapport accablant dressé par M. Ross sur la situation des droits de l’homme au Sahara occidental et les tentatives répétées d’obstruction par le Maroc de la mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) avaient fortement inspiré la résolution adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU, réaffirmant le principe de l’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui.
Une résolution qui intervenait dans un contexte où le dossier du Sahara occidental a été pollué par des déclarations et positionnements de la part des soutiens traditionnels du royaume dont les plus actifs, l’ancien chef de gouvernement socialiste espagnol Zapatero ainsi que l’ancien président français Nicolas Sarkozy grassement payé en retour depuis sa disgrâce en se mettant sous l’aile bienfaitrice du palais royal.
Ces soutiens n’étant plus là aujourd’hui, suite aux changements de majorités intervenus en Espagne et en France, le roi est désormais nu comme un ver. Même le puissant allié américain s’est montré impuissant, ou en tout cas moins enclin à signer un chèque en blanc au Maroc sur le dossier du Sahara occidental. C’est le message qu’il faut retenir de la poursuite de la mission de Christopher Ross en tant qu’émissaire de l’ONU au Sahara occidental. Washington n’a formulé aucune objection et n’a rien fait alors qu’il pouvait allégrement opposer son veto par les canaux de la diplomatie parallèle pour que cet ancien diplomate américain, qui n’est pas dans les bonnes grâces du palais royal, rende le tablier.
Par ailleurs, les différents rounds de négociation entre le Front Polisario et le Maroc, qui se sont déroulés aux Etats-Unis ces derniers mois – qui ont tous débouché sur un échec programmé en raison de l’intransigeance de la partie marocaine qui refuse de discuter d’autre chose que de l’option de l’autonomie du Sahara occidental – ont certainement beaucoup contribué à une clarification des véritables enjeux de ce conflit. Privée du précieux soutien de ses puissants amis occidentaux qui lui ont permis de gagner du temps à défaut de pouvoir infléchir le cours de l’histoire, la diplomatie marocaine aura fort à faire dans les semaines et les mois à venir pour tenter de reprendre la main dans un dossier qui lui échappe désormais totalement.
Loin d’être le fruit d’un hasard du calendrier, les organisations non gouvernementales réinvestissent, elles aussi, avec force le terrain. A l’image de la délégation de l’influente fondation américaine Robert Kennedy qui effectue actuellement un séjour dans la région, avec à son agenda une visite dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf, en Algérie. La cérémonie d’allégeance au roi, organisée il y a quelques jours avec un faste inégalé et un grand tapage médiatique au Maroc, dissimule mal le désarroi du palais royal face à son isolement diplomatique.
Omar Berbiche
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