El Watan - Mohammed Larbi
Quelque chose va changer dans le traitement du dossier du Sahara occidental, c’est le secrétaire général de l’ONU qui l’affirme et il en fixe même aussi bien la forme que les délais, et sans rien toucher au fond. Ce qui explique la confiance des dirigeants sahraouis. Les Marocains pas autant, mais leur activisme de ces derniers mois devrait en être révélateur. Ils s’activent à déminer un terrain qu’ils croyaient définitivement conquis. Sauf que dans son dernier rapport sur le sujet, le secrétaire général de l’ONU, n’a pas seulement dit son exaspération, mais s’est engagé à briser le statu quo prévalant depuis le mois de septembre 1991, quand le plan de paix des Nations unies entrait en vigueur.
Mais seulement dans son volet militaire avec l’instauration du cessez-le-feu, première étape d’un processus qui devait déboucher sur l’organisation du référendum d’autodétermination du peuple du Sahara occidental. Et depuis cette date, il n’a jamais été question d’autre chose, comme en atteste la centaine de résolutions adoptées en ce sens. Plus que cela, aucun Etat parmi les plus proches alliés du Maroc ou encore de l’Union européenne (UE) n’a reconnu sa souveraineté sur ce territoire ou ses revendications, certaines formules considérées comme de la simple politesse, ne prouvant absolument rien. Elles n’ont d’ailleurs jamais été soumises à débat dans quelque enceinte que ce soit, la communauté internationale rappelant pour toute réponse que les frontières du Maroc telles qu’internationalement reconnues, et sur la base desquelles il a été admis à l’ONU, n’ont jamais été menacées.Le travail se veut pédagogique. Il est aussi sans appel. Si donc Ban Ki-moon en est à envisager le changement, cela ne pourrait concerner que la forme, car toucher au fond, c’est se renier et commettre une grave injustice, et lui-même n’en donne pas l’impression. Et on voit mal le système onusien emprunter cette voie. Il ne faut pas oublier que le plan de paix en question est d’abord maroco-sahraoui, avant qu’il soit endossé par l’ONU. Non seulement, il identifie les parties au conflit, mais il convient des formes et moyens de mettre un terme à ce conflit, par un accord sur la libre expression du peuple sahraoui consistant à choisir entre l’indépendance et le rattachement au Maroc.
L’ONU déploiera alors la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso) au mandat précis. Après un blocage de six années et de multiples mais vaines tentatives d’en réécrire les termes, comme celle qui consiste à établir de nouveaux critères d’identification du corps électoral sahraoui, l’ONU s’est engagée en février 1997 à «remettre sur les rails» le plan de paix. Il y a même eu une deuxième approche envisageant, celle-la, de promouvoir une solution devant permettre la tenue d’un référendum d’autodétermination.
C’est justement ce que Ban Ki-moon vient de rappeler dans son rapport, et un tel rappel n’est pas inopportun pour ce qui va suivre et qui ne concerne pas uniquement le renouvellement du mandat de la Minurso. Au mois d’octobre prochain devraient se tenir des discussions sur l’avenir du processus de paix, une perspective demeurant ouverte, car selon la logique du secrétaire général des Nations unies, il n’est plus question d’accepter le statu quo. Ceci d’un côté. Il s’agira en outre, encore et toujours, comme le stipulent les résolutions de l’ONU, de trouver des solutions en vue de l’exercice par le peuple du Sahara occidental de son droit à l’autodétermination. Pas de changement dans le fond, et c’est ce qui rassure les Sahraouis qui considèrent d’ores et déjà que la question du Sahara occidental pourrait entrer dans une «phase décisive» au Conseil de sécurité en 2015. Que fera justement cette institution ?
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