EL WATAN, Edition du 2 mars 2008 > Internationale
Contrats militaires signés entre le Maroc et les Etats-Unis
Mohamed Abdelaziz : « C’est une escalade qui entrave les négociations »
Le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Mohamed Abdelaziz, a qualifié hier d’« escalade » les contrats d’achat d’armes signés entre le Maroc et les Etats-Unis.
Rabouni. De notre envoyé spécial
Interrogé hier sur les nouveaux marchés d’armement destinés à équiper l’armée royale, le président sahraoui a exprimé de vives inquiétudes quant à la montée de l’esprit militaire chez les Marocains. « Nous ne souhaitons pas que l’option de guerre soit imposée de nouveau aux Sahraouis et nous souhaitons que le feuilleton de Manhasset se termine avec un happy end. Mais si cette option de guerre devient inévitable, c’est aux Sahraouis de défendre par tous les moyens leur territoire », a-t-il lancé. Pour rappel, le Maroc s’est engagé dans une piste carrément militaire qui, d’après Mohamed Abdelaziz, ne fait que démontrer une fois de plus la politique expansionniste du Maroc. Le royaume chérifien avait signé, rappelons-le, des contrats militaires avec les Etats-Unis d’Amérique pour l’achat de 24 avions de guerre de type F16, équipés de matériel de surveillance infrarouge utilisé souvent dans les opérations d’espionnage. « Nous exprimons nos vives inquiétudes quant à cette escalade au moment où la voie de la paix est recommandée par les Nations unies qui sont présentes d’ailleurs au Sahara occidental pour veiller à l’application des accords de paix », s’est-il inquiété. Mohamed Abdelaziz a fait remarquer que l’esprit de guerre a repris du poil de la bête, notamment après l’arrivée de Mohammed VI qui n’avait pas hésité à signer d’autres contrats similaires avec la France et l’Espagne. Le président de la RASD a estimé par ailleurs que le report du quatrième round des négociations « est un obstacle et une perte de volonté » pour avancer dans le processus de décolonisation du Sahara occidental. « Je ne détiens pas d’informations précises relatives à ce sujet, mais le Front Polisario s’interroge », dit-il, considérant que « cela constitue une entrave au processus de négociations ». Il reste que pour Mohamed Abdelaziz, « la partie sahraouie est optimiste et animée d’une volonté réelle à ce que ces négociations aboutissent à un accord sur la base de la résolution 1754 ». Une résolution qui, rappelle-t-il, appelle à des négociations directes devant aboutir à une solution mutuellement acceptable qui garantit le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. A ce propos, Mohamed Abdelaziz n’a pas omis d’inviter une nouvelle fois le gouvernement marocain à cesser d’imposer le fait accompli colonial et d’imposer des conditions aux Nations unies selon lesquelles, a-t-il dit, « on avance seulement s’il y a une souveraineté sur le Sahara occidental ». Ce qui, pour lui, « est inacceptable ». Le SG du Front Polisario a tenu à rappeler que « le Sahara occidental est une question de décolonisation et que c’est dans ce cadre seulement que la solution doit être trouvée et que c’est dans ce cadre que nous allons à Manhasset ». M. Abdelaziz a lancé un appel « fort et urgent » au Maroc « pour mettre la main dans la main pour construire la paix entre les deux peuples et ensemble avec les autres pays du Maghreb pour construire un avenir dans le respect des échanges, la paix et l’attachement à la légalité internationale ». Il a également invité le Maroc à mettre fin aux agressions contre le peuple sahraoui dans les territoires occupés du Sahara occidental. Le président de la RASD dit, en outre, constater « la politique de deux poids, deux mesures dans le règlement du conflit du Sahara occidental ». Pourtant, selon lui, « la question sahraouie est claire ». C’est ainsi qu’il appelle les pays ayant reconnu l’indépendance du Kosovo de le faire pour la RASD.
Rabah Beldjenna http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=88559
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