Exclusif/Interview du Ministre sahraoui chargé des zones occupées et des colonies: «La neutralité de la Mauritanie est plutôt positive.» (ANI)
Le Mministre sahraoui chargé des zones occupées et des colonies, M. Khalil Sidi Mohamed est depuis trois jours en visite en Mauritanie, porteur d’un message du président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) Mohamed Abdel Aziz adressé au Président Sidi Ould Cheikh Abdellahi. ANI a rencontré l’émissaire sahraoui pour un entretien au cours duquel il est revenu sur le dernier round des négociation de Manhasset (USA) qui viennent d’avoir lieu dans la perspective onusienne d’une recherche de solution durable au problème du Sahara occidental, le douzième congrès de Tfariti tenu en novembre 2007 et qui a fait entendre de vive voix que la reprise de la lutte armée reste encore une solution, et bien d’autres sujets.
Dans quel cadre s’inscrit votre visite en Mauritanie ? Monsieur Khalil Sidi Mohamed : Je suis envoyé par le Président de la République arabe sahraouie démocratique Mohamed Abdel Aziz, porteur d’un message adressé à son homologue et frère le Président Sidi Ould Cheikh Abdellahi se rapportant aux derniers développements du problème du Sahara , notamment au dernier round des négociations de Manhasset qui vient d’avoir lieu du 07 au 08 janvier courant entre le Polisario et le Maroc. Donc cette visite s’inscrit dans le cadre des rapports fraternels qui unissent les deux pays.
Quelles ont été les solutions avec lesquelles vous êtes sortis de ce dernier round ? KSM: On est sorti avec la décision de poursuivre les négociations et c’est important par ce que cela consolide la logique de la recherche d’une solution définitive au problème du Sahara occidental et par conséquent, le cadre de négociation qui est la légalité internationale consacré par la supervision des nations unies, partant du principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes de façon libre. Ces négociations définissent clairement les deux belligérants, à savoir le Polisario et le Maroc, pour les amener à se mettre d’accord sur une solution politique définitive qui respecte le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à la libre expression de sa propre volonté.
Quelles sont les solutions envisagées ? KSM: Nous acceptons toutes les formes de solutions proposées par l’ONU à condition que le peuple sahraoui puisse s’exprimer en toute liberté, tout en arrivant à choisir librement. A ce titre nous nous érigeons contre toute solution unilatérale qui ne peut être imposée que par la force.
En réalité, quels sont les objectifs visés par le front Polisario? KSM: Nous avons une seule mission qui se résume à lutter pour créer les conditions dans lesquelles le peuple sahraoui puisse statuer librement sur son propre destin, qu’il opte pour l’annexion, pour l’autonomie ou pour l’indépendance, nous continuerons à respecter son choix.
Et le retour à la lutte armée ? KSM : Le 12ème congrès du Front Polisario tenu à Tfariti en territoires libérés a confirmé la volonté initiale du Front Polisario qui a existé pendant 34 ans de sa vie et qui consiste à reprendre la lutte armée pour défendre son droit à la libre expression et à l’autodétermination.
Qu’est ce que ce congrès a donné d’autre? KSM: Il adonné la compétence e le programme d’action de la nouvelle direction issue de ce 12ème congrès pour entreprendre une lutte globale dont la reprise des armes est le moyen et la réponse qu’il faut face à l’entêtement de l’autre partie avec sa politique de poursuite du fait accompli de la colonisation et du manque de volonté politique pour une résolution durable du conflit.
Que dites-vous des dernières avancées diplomatique marocaines? KSM : Premièrement durant les quatre dernières années, le Royaume marocain n’a pas fait d’avancées mais plutôt le Polisario a gagné du terrain. Nous citons en ce sens la reconnaissance de la RASD par l’Afrique du Sud, le Kenya ainsi que le rétablissement des relations diplomatiques avec le Tchad et la position significative de la RASD en tant que membre fondateur de l’UA. Remarquez en plus les malentendus que le Maroc a commencé à avoir avec le certains de ses alliés traditionnels. Parce qu’il devient un fondateur.
La neutralité de la Mauritanie est-elle négative par rapport au règlement de la question du Sahara ? KSM : Tout d’abord il faut établir la réalité des faits qui consiste à ce que le Sahara Occidental et la Mauritanie ont un destin unique et inéluctable. Ensuite, la Mauritanie est un pays ami et frère avec lequel nous partageons tout ; ses difficultés sont les nôtres, ses progrès aussi. Nous avons un avenir commun à préparer dans le cadre du Maghreb, de l’Afrique et de la mondialisation. La Mauritanie reconnaît la RASD comme l’union africaine. D’autre part, la Mauritanie accompagne le conflit du Sahara depuis son éclatement de façon à favoriser une solution acceptée par les deux belligérants et adopte une position de neutralité que nous considérons positive. C’est pour cela, cette position favorise l’émergence d’une solution définitive acceptée par les deux parties dans le cadre des Nations unies. La position de la Mauritanie est positive, car elle offre une contribution à la stabilité, à la sécurité et au développement de la Mauritanie elle-même. Ce qui est un appui fondamental pour la RASD. On se félicite et on s’enorgueillit de l’expérience démocratique exemplaire de la Mauritanie, surtout au regard des vieilles démocraties africaines. En Mauritanie, il y a eu une alternance au pouvoir et un ancrage réel des traditions démocratiques où se rencontrent l’opposition et la majorité au pouvoir dans un consensus de stabilité, de concertation et de dialogue. Ce qui est une preuve de la maturité et de l’exemplarité de cette expérience. L’unité nationale mauritanienne se renforce à travers le retour des réfugiés pendant qu’ailleurs le contraire se passe bien. Voyez les guerres civiles et les autres problèmes qui surgissent à travers le monde. Propos recueillis par Ely ould Maghalah