Le gouvernement espagnol a choisi le palais de Juan Carlos de l’Alhambra, ce repère de la civilisation arabo-andalouse situé sur les hauteurs de Grenade, pour abriter et donner plus de sens «historique» au premier sommet entre l’Union européenne et le Maroc.
L’absence de Mohammed VI à Grenade
L’absence de Mohammed VI à Grenade
Le soin et même le zèle avec lequel la présidence semestrielle espagnole a préparé ce rendez-vous n’a pas suffi, toutefois, à décider le roi Mohammed VI d’honorer cet événement «historique».
Conscient qu’au Maroc le véritable pouvoir exécutif est entre les mains du roi et non du Premier ministre, le président Zapatero a dépêché sans succès son ministre des Affaires étrangères à Rabat, la semaine dernière, ne désespérant pas, jusqu’à hier, de voir le monarque alaouite changer d’avis. Mohammed VI, qui passe de longs et discrets séjours privés à l’étranger, souvent à l’autre bout de la planète, c’est connu, n’aime pas trop les sommets officiels.
Ce n’est pas la première fois qu’il refuse d’honorer une invitation du président Zapatero. Déjà en 2005, on l’avait vainement attendu à la commémoration du 20e anniversaire du processus de Barcelone. Il est souvent absent aux sommets arabes et on ne le verra pas davantage aux rendez-vous internationaux des Nations unies,
pour des raisons dont il a, lui seul, le secret. Hier à Grenade, malgré la présence motivante d’un parterre de chefs d’Etat et de gouvernement européens aux côtés du président permanent du Conseil européen, Herman Van Rompuy, et du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, il avait bien de bonnes raisons d’être absent.
Conscient qu’au Maroc le véritable pouvoir exécutif est entre les mains du roi et non du Premier ministre, le président Zapatero a dépêché sans succès son ministre des Affaires étrangères à Rabat, la semaine dernière, ne désespérant pas, jusqu’à hier, de voir le monarque alaouite changer d’avis. Mohammed VI, qui passe de longs et discrets séjours privés à l’étranger, souvent à l’autre bout de la planète, c’est connu, n’aime pas trop les sommets officiels.
Ce n’est pas la première fois qu’il refuse d’honorer une invitation du président Zapatero. Déjà en 2005, on l’avait vainement attendu à la commémoration du 20e anniversaire du processus de Barcelone. Il est souvent absent aux sommets arabes et on ne le verra pas davantage aux rendez-vous internationaux des Nations unies,
pour des raisons dont il a, lui seul, le secret. Hier à Grenade, malgré la présence motivante d’un parterre de chefs d’Etat et de gouvernement européens aux côtés du président permanent du Conseil européen, Herman Van Rompuy, et du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, il avait bien de bonnes raisons d’être absent.
Des privilèges exceptionnels pour Rabat
De l’Union européenne, le Maroc a déjà tout obtenu. C’est le premier pays au monde à avoir été gratifié, en 2008, du privilège d’un «statut avancé». Une année plus tard, Rabat avait renégocié avec les 27 un avantageux accord de pêche, en suspens depuis 1999. L’année dernière, le marché européen a été ouvert généreusement aux produits agricoles marocains, soulevant la colère des agriculteurs espagnols qui crient à la concurrence déloyale.
Ces avantages exceptionnels, le gouvernement espagnol y est pour beaucoup. Le ministre des Affaires étrangères, Moratinos, est celui qui aura le mieux insisté auprès de l’Union européenne, à Strasbourg, pour l’octroi d’un statut avancé au Maroc. C’est sa collègue de l’agriculture qui a accéléré la signature de l’accord de pêche avec Rabat et l’ouverture du marché européen à la tomate marocaine. C’est encore l’Espagne qui a plaidé avec succès, la semaine dernière,
au niveau de la Commission européenne, l’octroi de près de 500 millions d’euros à Rabat au titre de «stratégie de coopération du voisinage». Un détail, peut-être, mais donne un aperçu du rôle joué par l’Espagne dans l’octroi des privilèges européens à son voisin. Un zèle qui cache mal les termes d’un marché en jeu : le Sahara contre Ceuta et Melilla. Rabat a pris le Sahara mais ne prend aucun engagement sur les deux enclaves espagnoles. Madrid se fait des illusions.
Ces avantages exceptionnels, le gouvernement espagnol y est pour beaucoup. Le ministre des Affaires étrangères, Moratinos, est celui qui aura le mieux insisté auprès de l’Union européenne, à Strasbourg, pour l’octroi d’un statut avancé au Maroc. C’est sa collègue de l’agriculture qui a accéléré la signature de l’accord de pêche avec Rabat et l’ouverture du marché européen à la tomate marocaine. C’est encore l’Espagne qui a plaidé avec succès, la semaine dernière,
au niveau de la Commission européenne, l’octroi de près de 500 millions d’euros à Rabat au titre de «stratégie de coopération du voisinage». Un détail, peut-être, mais donne un aperçu du rôle joué par l’Espagne dans l’octroi des privilèges européens à son voisin. Un zèle qui cache mal les termes d’un marché en jeu : le Sahara contre Ceuta et Melilla. Rabat a pris le Sahara mais ne prend aucun engagement sur les deux enclaves espagnoles. Madrid se fait des illusions.
Impasse sur les droits de l’homme
Au plan économique et commercial, la présence de Mohammed VI à Grenade n’aurait donc pas eu de grande signification. Au plan politique si. Il se trouve, en effet, que la question du Sahara occidental était à l’ordre du jour à l’intérieur à l’extérieur de l’Alhambra. Des «sources diplomatiques espagnoles» ont tenu à relativiser, certes, l’inscription de ce point dans l’agenda du sommet dont, disent-ils, n’est pas le forum où doit être négocié cette question.
Autrement dit, il ne faut pas s’attendre à des pressions européennes pour forcer le Maroc à quelques concessions sur la question sahraouie. Sur le respect de l’autodétermination, par exemple. Au mieux, les 27, soumis à la forte pression de la France, principal soutien du Maroc dans le conflit du Sahara occidental et de l’Espagne, allié tout aussi acquis aux thèses marocaines sur ce problème mais plus discret, se limiteront à apporter leur soutien aux efforts des nations en faveur d’«une solution politique négociée entre les parties».
La parole a été donnée, hier, en premier au ministre Abbas El Fassi qui conduit la délégation marocaine, puis au président du Conseil européen. Le scénario mis en place par Madrid à l’Alhambra est simple : donner quelques conseils au partenaire le plus privilégié de la rive sud de la Méditerranée sur la manière de vendre à l’étranger son plan d’autonomie pour le Sahara occidental et sa régionalisation avancée. Concrètement, les 27 attendent, mais n’exigeront pas, de leur allié, des concessions en matière des droits de l’homme dans l’ancienne colonie espagnole, «cheval de bataille» des organisations humanitaires occidentales en Europe.
Depuis Rabat, à la veille de son départ pour Grenade, Abbas El Fassi et le ministre des Affaires étrangères, Fassi Fihri, ont annoncé la couleur. Ils soutiennent une fois de plus la thèse du complot algérien contre la souveraineté du royaume, un cliché vieux de 35 ans. C’est de ce discours que Abbas El Fassi a, sans doute, gratifié la plénière, à travers une attaque en règle contre l’Algérie, exactement dans le langage qu’il avait tenu, lors de sa visite officielle à Madrid en 2008, à Madrid, en présence de Zapatero. Le roi du Maroc ne se devait pas de répondre ou de s’expliquer, personnellement devant les 27, sur le conflit sahraoui. Ce soin il l’a laissé à son Premier ministre.
Autrement dit, il ne faut pas s’attendre à des pressions européennes pour forcer le Maroc à quelques concessions sur la question sahraouie. Sur le respect de l’autodétermination, par exemple. Au mieux, les 27, soumis à la forte pression de la France, principal soutien du Maroc dans le conflit du Sahara occidental et de l’Espagne, allié tout aussi acquis aux thèses marocaines sur ce problème mais plus discret, se limiteront à apporter leur soutien aux efforts des nations en faveur d’«une solution politique négociée entre les parties».
La parole a été donnée, hier, en premier au ministre Abbas El Fassi qui conduit la délégation marocaine, puis au président du Conseil européen. Le scénario mis en place par Madrid à l’Alhambra est simple : donner quelques conseils au partenaire le plus privilégié de la rive sud de la Méditerranée sur la manière de vendre à l’étranger son plan d’autonomie pour le Sahara occidental et sa régionalisation avancée. Concrètement, les 27 attendent, mais n’exigeront pas, de leur allié, des concessions en matière des droits de l’homme dans l’ancienne colonie espagnole, «cheval de bataille» des organisations humanitaires occidentales en Europe.
Depuis Rabat, à la veille de son départ pour Grenade, Abbas El Fassi et le ministre des Affaires étrangères, Fassi Fihri, ont annoncé la couleur. Ils soutiennent une fois de plus la thèse du complot algérien contre la souveraineté du royaume, un cliché vieux de 35 ans. C’est de ce discours que Abbas El Fassi a, sans doute, gratifié la plénière, à travers une attaque en règle contre l’Algérie, exactement dans le langage qu’il avait tenu, lors de sa visite officielle à Madrid en 2008, à Madrid, en présence de Zapatero. Le roi du Maroc ne se devait pas de répondre ou de s’expliquer, personnellement devant les 27, sur le conflit sahraoui. Ce soin il l’a laissé à son Premier ministre.
Aminatou Haider entre en scène
Les attaques contre le Maroc ont fait beaucoup de bruit à l’extérieur du palais où les cris des manifestants des pro-Sahraouis n’ont pu franchir les portes de l’Alhambra. Le site a été isolé par un impressionnant dispositif de sécurité pour maintenir le plus loin possible les manifestants qui avaient choisi ce slogan significatif :
«Sans libertés ni droits de l’homme, pas de statut pour le Maroc». Le souverain alaouite avait donc toutes les raisons de ne pas vouloir jouer les premiers rôles dans ce controversé sommet de Grenade. Car, dehors, la vedette est une vieille connaissance : Aminatou Haider. L’indépendantiste sahraouie qui lui fit perdre la face, après 32 jours de grève de la faim à Lanzarote (Canaries) le forçant à accepter son retour
à Al Ayoun d’où il l’avait expulsée pour son refus de se reconnaître comme marocaine. Aminatou Haider se trouve en Espagne pour des soins médicaux en relation avec sa grève de la faim. Samedi, elle avait quitté l’hôpital pour Grenade où elle devait prendre la tête des manifestations contre l’occupation marocaine du Sahara. Hier matin, il y a avait plus de médias lourds à la Faculté des sciences de Grenade où elle donnait une conférence qu’au palais de Grenade.
L’indépendantiste sahraouie a axé son intervention sur les violations des droits de l’homme au Sahara occidental. Un témoignage à chaud, très suivi parce que autrement plus crédible pour les journalistes que les opinions exprimées à l’intérieur de l’Alhambra «entre partenaires» du statut avancé.
«Sans libertés ni droits de l’homme, pas de statut pour le Maroc». Le souverain alaouite avait donc toutes les raisons de ne pas vouloir jouer les premiers rôles dans ce controversé sommet de Grenade. Car, dehors, la vedette est une vieille connaissance : Aminatou Haider. L’indépendantiste sahraouie qui lui fit perdre la face, après 32 jours de grève de la faim à Lanzarote (Canaries) le forçant à accepter son retour
à Al Ayoun d’où il l’avait expulsée pour son refus de se reconnaître comme marocaine. Aminatou Haider se trouve en Espagne pour des soins médicaux en relation avec sa grève de la faim. Samedi, elle avait quitté l’hôpital pour Grenade où elle devait prendre la tête des manifestations contre l’occupation marocaine du Sahara. Hier matin, il y a avait plus de médias lourds à la Faculté des sciences de Grenade où elle donnait une conférence qu’au palais de Grenade.
L’indépendantiste sahraouie a axé son intervention sur les violations des droits de l’homme au Sahara occidental. Un témoignage à chaud, très suivi parce que autrement plus crédible pour les journalistes que les opinions exprimées à l’intérieur de l’Alhambra «entre partenaires» du statut avancé.
Zapatero, orgueilleux du Maroc
Sourd à ces manifestations de rejet de l’occupation marocaine du Sahara et des violations des droits de l’homme dans cette ancienne colonie espagnole, le président Zapatero se disait, samedi dans la capitale andalouse où se tenait une rencontre des hommes d’affaires européens et marocains,
«très orgueilleux» de la qualité des relations entre Madrid et Rabat. Une déclaration de trop, pas très au goût de beaucoup de militants socialistes qui se trouvaient, eux, parmi les manifestants. Eux, ils n’entendaient pas faire l’impasse sur les violations des droits de l’homme au Sahara, et au sein des organisations civiles dans lesquels ils militent, ils ont défilé sous ce slogan lourd de sens : «Maroc coupable, l’Espagne responsable».
Par A.Hamid - le Quotidien Algerien: Le Temps d'Algerie
«très orgueilleux» de la qualité des relations entre Madrid et Rabat. Une déclaration de trop, pas très au goût de beaucoup de militants socialistes qui se trouvaient, eux, parmi les manifestants. Eux, ils n’entendaient pas faire l’impasse sur les violations des droits de l’homme au Sahara, et au sein des organisations civiles dans lesquels ils militent, ils ont défilé sous ce slogan lourd de sens : «Maroc coupable, l’Espagne responsable».
Par A.Hamid - le Quotidien Algerien: Le Temps d'Algerie
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