Friday, March 05, 2010

Premier sommet UE-Maroc :
la question des droits humains au Sahara occidental doit être abordée
vendredi 5 mars 2010, par Françoise Guillitte
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
ÉFAI - 5 mars 2010
Bruxelles, le 5 mars 2010 – Dans une lettre adressée à la présidence espagnole de l’Union européenne (UE), Amnesty International demande instamment qu’une question précise sur les droits humains soit inscrite à l’ordre du jour du premier sommet UE-Maroc, prévu à Grenade le 7 mars. L’organisation souhaite en effet que les dirigeants de l’UE abordent lors de ce sommet la question de l’intolérance croissante vis-à-vis des défenseurs des droits humains, notamment sahraouis, qui s’expriment en faveur de l’autodétermination du Sahara occidental.
« L’UE a une réelle occasion de placer les droits humains au cœur de ses relations avec le Maroc. Pour ce faire, elle doit débattre de la situation au Sahara occidental lors du sommet de Grenade. Les autorités marocaines mènent une politique de plus en plus répressive envers les Sahraouis et leur droit d’exprimer leurs opinions et aucun représentant de l’UE ne saurait le tolérer », a déclaré Nicolas Beger, directeur du Bureau européen d’Amnesty International.
Six Sahraouis sont actuellement traduits devant un tribunal militaire pour avoir porté atteinte à la sécurité intérieure et extérieure du Maroc. Amnesty International a également recueilli un nombre croissant d’informations faisant état de manœuvres de harcèlement à l’encontre des militants des droits humains sahraouis : intimidations verbales, rencontres entre militants et observateurs étrangers empêchées, passeports et papiers d’identité confisqués. L’organisation s’inquiète de la proposition du roi du Maroc Mohamed VI de déchoir de leur nationalité marocaine les Sahraouis favorables à l’autodétermination du Sahara occidental.
Les médias indépendants font eux aussi les frais de l’approche de plus en plus répressive des autorités marocaines face à ceux qui sont considérés comme des détracteurs de la monarchie. Amnesty International est tout particulièrement préoccupée par la détention du journaliste Idriss Chahtane, incarcéré à la prison civile de Salé depuis le 15 octobre 2009. Idriss Chahtane a été condamné à une peine d’emprisonnement d’un an après avoir publié dans l’édition de septembre d’Almichaal un article sur la santé du roi Mohamed VI.
Ces dernières années, plusieurs journalistes et défenseurs des droits humains ont été poursuivis au Maroc et parfois condamnés à des peines de prison pour avoir critiqué sans violence la monarchie, ce que la famille royale a jugé injurieux. Amnesty International exhorte par conséquent l’UE à demander au gouvernement marocain de libérer immédiatement et sans condition Idriss Chahtane et les six défenseurs des droits humains sahraouis dont voici les noms : Ahmed Alnasiri, Brahim Dahane, Yahdih Ettarouzi, Saleh Labihi, Rachid Sghir et Ali Salem Tamek.
La situation ¬pénible qu’endurent les défenseurs des droits humains et les citoyens qui critiquent le régime marocain doit être prise en compte dans les relations entre l’UE et le Maroc, à Grenade et par la suite. Dans le cadre de la révision de la Politique européenne de voisinage UE-Maroc, qui sera définie au cours de l’année 2010, Amnesty International exhorte l’UE à inclure un important chapitre sur les droits humains, avec des critères mesurables et un calendrier réaliste pour leur réalisation.
« L’Union européenne a l’occasion d’établir un précédent pour l’orientation future de l’ensemble de la Politique européenne de voisinage en négociant un plan d’action avec le Maroc qui permette de nouer une relation véritablement fondée sur les droits humains », a conclu Nicolas Beger.

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