Sahara occidental : une délégation ivryenne témoigne
25 Novembre 2009 Par mehdy belabbas Il est des conflits dont ni la presse ni aucun média ne sont font l’écho. C’est le cas pour celui du Sahara Occidental. Depuis le cessez le feu de 1991, il apparaît que la situation des populations sahraouies ne passionne plus ni les journalistes ni les gouvernants français. Pourtant l’invasion marocaine de 1975 avait soulevé un vent de solidarité avec ce peuple du désert qui venait déjà de combattre la colonisation espagnole. Il est clair que l’image touristique du Maroc et les liens qui unissent le pouvoir marocain et l’Etat français sont à l’origine des difficultés rencontrées par les militants des droits de l’Homme et les soutiens au peuple sahraoui pour faire connaître cette cause.
Au mois d’Août dernier un militant sahraoui vivant à Ivry-sur-Seine, M. Naâma ASFARI était arrêté dans le sud marocain, car il portait sur lui un porte-clés aux couleurs du drapeau de la République Arable Sahraouie Démocratique (RASD). Les policiers qui le contrôlaient n’ont pas apprécié ce symbole de la revendication à l’indépendance du Sahara Occidental, considéré par le pouvoir marocain comme une province du royaume. Il a été condamné à 4 mois de prison ferme pour rébellion et violences sur les agents de police. Mais il est évident que cette condamnation vise à punir l’engagement de ce militant déjà incarcéré plusieurs fois.
Une délégation d’Ivryens – composée d’élus municipaux et de militants associatifs - s’est donc rendue à Agadir dans le sud marocain pour assister au procès en appel de notre concitoyen Naâma ASFARI. Sur place nous avons pu constater la dure réalité que rencontrent chaque jour les militants pacifistes des droits de l’Homme - qu’ils soient sahraouis ou étrangers.
Suivis de près, dès notre arrivée à l’aéroport d’Agadir, les forces de sécurité marocaines ont maintenu sur notre délégation une surveillance constante. Descendus à Tiznit et à Goulmine au sud d’Agadir, il nous a été interdit par les policiers de rencontrer les familles des militants et des prisonniers sahraouis. Sur la route du sud, les contrôles policiers ont été renforcés et de nombreux barrages de police jalonnent la route menant aux territoires occupés. Enfin, lors de mon départ, après avoir été fouillé trois fois, mon passeport m’a été confisqué plus d’une heure sans explication. Il m’aura fallu contacter le consulat de France à Agadir pour décider les douaniers à me le restituer.
Partis soutenir notre concitoyen, nous avons perçu ce qu’est la vie sous la contrainte et la domination arbitraire. Privé de liberté d’expression, d’information et de circulation, le peuple sahraoui vivant sous domination marocaine n’a aucun moyen de faire valoir ses droits fondamentaux. Selon tous les témoignages que nous avons entendus, cette pression s’est gravement accentuée depuis le discours du roi Mohamed VI, le 6 novembre 2009. Ce dernier a réaffirmé la traditionnelle position marocaine qui défend la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental. Ce discours au ton martial est aussi un avertissement envoyé à tout les artisans d’une solution pacifique, respectueuse du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et du droit international.
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