Aminatou Haïdar, un parcours sans faute
Surnommée la Gandhi sahraouie, la militante a reçu de nombreuses distinctions internationales dédiées aux droits de l'homme. Expulsée du Maroc le 13 novembre, elle est en grève de la faim aux Canaries où elle s'est retrouvée contre son gré.
01.12.2009Chritophe GuguenLe Journal hebdomadaire
Aminatou Haïdar lors d'une conférence de presse aux Canaries, 17 novembre 2009(sur la photo).
L'émergence, ces dernières années, de personnalités sahrouies comme Aminatou Haidar fait mal au régime marocain. Ces "activistes de l'intérieur", nouvelles références de la jeunesse sahraouie, se démarquent de la posture "guerrière" du Front Polisario en concentrant leur action sur la situation des droits de l'homme au Sahara-Occidental. Depuis 2006, Aminatou Haidar parcourt le monde et récolte les prix internationaux dédiés à la défense des droits humains. Quelques jours avant son expulsion vers Lanzarote, celle que ses admirateurs surnomment la "Pasionaria" ou la "Gandhi" sahraouie était ainsi à New York pour recevoir le prix du "Courage civique 2009", décerné chaque année par la Fondation John Train.
Outre le soutien de diverses associations pro-Polisario présentes sur le sol américain – notamment la US-Western Sahara Foundation –, Aminatou Haidar peut se prévaloir d'un appui de taille aux Etats-Unis : le Robert F. Kennedy Center. Créée en 1968 par la famille Kennedy pour faire progresser les droits de l'homme dans le monde, cette organisation surveille de près l'évolution de la situation au Sahara-Occidental et a attribué son prix 2008 à l'activiste sahraouie. A chacune des tribunes auxquelles elle est invitée, que ce soit aux Etats-Unis, en France, en Suède, en Espagne ou encore en Italie, Aminatou Haidar dénonce les "exactions" commises par les forces marocaines au Sahara-Occidental et en profite pour rappeler le "droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination". La portée de ce discours tient autant à sa ligne pacifiste qu'à l'histoire personnelle de celle qui le tient.
C'est en 1987, à l'âge de 20 ans, qu'Aminatou Haidar est arrêtée pour la première fois, suite à une manifestation sahraouie durement réprimée à Laâyoune. Victime de tortures, elle sera portée disparue pendant quatre ans, jusqu'en novembre 1991. A sa libération, Aminatou Haidar reprend la lutte. Depuis Laâyoune, elle multiplie les initiatives – manifestations pacifiques, création de comités de soutien – et étoffe son réseau de contacts à l'étranger. En 2005, lors d'une énième manifestation organisée à Laâyoune, elle est blessée par les forces de l'ordre, qui viennent plus tard l'arrêter à l'hôpital. Elle est de nouveau condamnée et passera sept mois dans la tristement célèbre "prison noire" de Laâyoune. Pendant sa détention, le 11 octobre 2005, le Parlement européen adopte une résolution demandant officiellement sa libération.
Quand elle est relâchée à l'issue de sa peine, en janvier 2006, la militante reçoit un passeport marocain et entame une tournée internationale qui la conduit notamment à témoigner devant la Commission coopération et développement du Parlement européen. "N'eût été votre solidarité, votre interpellation des autorités marocaines, je ne serais peut-être pas là aujourd'hui. Mais mon cas n'est pas unique", explique-t-elle alors aux membres de la Commission. La même année, elle recoit le prix Juan María Bandres, décerné par la Commission espagnole d'aide aux réfugiés (CEAR). En 2007, c'est au tour de l'organisation internationale Solimar de récompenser la militante sahraouie, en lui attribuant le prix Silver Rose. L'année suivante, l'organisation pacifiste américaine American Friends Service Committee propose sa nomination au prix Nobel de la paix
Surnommée la Gandhi sahraouie, la militante a reçu de nombreuses distinctions internationales dédiées aux droits de l'homme. Expulsée du Maroc le 13 novembre, elle est en grève de la faim aux Canaries où elle s'est retrouvée contre son gré.
01.12.2009Chritophe GuguenLe Journal hebdomadaire
Aminatou Haïdar lors d'une conférence de presse aux Canaries, 17 novembre 2009(sur la photo).
L'émergence, ces dernières années, de personnalités sahrouies comme Aminatou Haidar fait mal au régime marocain. Ces "activistes de l'intérieur", nouvelles références de la jeunesse sahraouie, se démarquent de la posture "guerrière" du Front Polisario en concentrant leur action sur la situation des droits de l'homme au Sahara-Occidental. Depuis 2006, Aminatou Haidar parcourt le monde et récolte les prix internationaux dédiés à la défense des droits humains. Quelques jours avant son expulsion vers Lanzarote, celle que ses admirateurs surnomment la "Pasionaria" ou la "Gandhi" sahraouie était ainsi à New York pour recevoir le prix du "Courage civique 2009", décerné chaque année par la Fondation John Train.
Outre le soutien de diverses associations pro-Polisario présentes sur le sol américain – notamment la US-Western Sahara Foundation –, Aminatou Haidar peut se prévaloir d'un appui de taille aux Etats-Unis : le Robert F. Kennedy Center. Créée en 1968 par la famille Kennedy pour faire progresser les droits de l'homme dans le monde, cette organisation surveille de près l'évolution de la situation au Sahara-Occidental et a attribué son prix 2008 à l'activiste sahraouie. A chacune des tribunes auxquelles elle est invitée, que ce soit aux Etats-Unis, en France, en Suède, en Espagne ou encore en Italie, Aminatou Haidar dénonce les "exactions" commises par les forces marocaines au Sahara-Occidental et en profite pour rappeler le "droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination". La portée de ce discours tient autant à sa ligne pacifiste qu'à l'histoire personnelle de celle qui le tient.
C'est en 1987, à l'âge de 20 ans, qu'Aminatou Haidar est arrêtée pour la première fois, suite à une manifestation sahraouie durement réprimée à Laâyoune. Victime de tortures, elle sera portée disparue pendant quatre ans, jusqu'en novembre 1991. A sa libération, Aminatou Haidar reprend la lutte. Depuis Laâyoune, elle multiplie les initiatives – manifestations pacifiques, création de comités de soutien – et étoffe son réseau de contacts à l'étranger. En 2005, lors d'une énième manifestation organisée à Laâyoune, elle est blessée par les forces de l'ordre, qui viennent plus tard l'arrêter à l'hôpital. Elle est de nouveau condamnée et passera sept mois dans la tristement célèbre "prison noire" de Laâyoune. Pendant sa détention, le 11 octobre 2005, le Parlement européen adopte une résolution demandant officiellement sa libération.
Quand elle est relâchée à l'issue de sa peine, en janvier 2006, la militante reçoit un passeport marocain et entame une tournée internationale qui la conduit notamment à témoigner devant la Commission coopération et développement du Parlement européen. "N'eût été votre solidarité, votre interpellation des autorités marocaines, je ne serais peut-être pas là aujourd'hui. Mais mon cas n'est pas unique", explique-t-elle alors aux membres de la Commission. La même année, elle recoit le prix Juan María Bandres, décerné par la Commission espagnole d'aide aux réfugiés (CEAR). En 2007, c'est au tour de l'organisation internationale Solimar de récompenser la militante sahraouie, en lui attribuant le prix Silver Rose. L'année suivante, l'organisation pacifiste américaine American Friends Service Committee propose sa nomination au prix Nobel de la paix
source: www.courrierinternational.com
No comments:
Post a Comment