Aucune négociations entre le Maroc et le Front Polisario a ce jour!!
Vite, les négociations ! A l’approche des négociations entre le Maroc et le Front Polisario au sujet du Sahara occidental, les Etats-Unis font monter la pression. Jusqu’à ce jour, aucun des pourparlers directs entre les deux parties n’a abouti.Les négociations entre le Maroc et le Front Polisario doivent débuter au plus vite. Ainsi en a décidé la communauté internationale et surtout les Etats-Unis, comme l’atteste cette déclaration de l’ambassade américaine à Rabat : «depuis l’adoption unanime de la résolution du Conseil de Sécurité 1754 qui a appelé à des négociations directes et sans conditions préalables entre le Maroc et le Front Polisario, nous avons plaidé en faveur d’un début des négociations dans les plus brefs délais». Et la même ambassade d’insister : «Le Conseil de Sécurité des Nations Unies demande un rapport sur le développement de la situation par le Secrétaire général d’ici le 30 juin et nous attendons avec impatience ce rapport. Nous encourageons les deux parties à s’engager dans les négociations le plus rapidement possible». Selon Ahmed Boukhari, le représentant du Front Polisario aux Nations Unies, une première rencontre pourrait même intervenir du 2 au 15 juin. Soit dans une semaine !La course aux négociations s’est subitement accélérée aux alentours du 11 mai lorsque l’envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies Peter van Walsum a annulé à la dernière minute sa visite au Maghreb. Celle-ci était programmée pour la mi-mai et avait pour objectif de préparer les négociations (date, lieu…) entre le Maroc et le Front Polisario. Pour des sources diplomatiques européennes, ce sont les Etats-Unis qui ont «convaincu» van Walsum de repousser sa tournée, estimant qu’elle n’était pas «utile» car que le plus urgent était que le Maroc et le Polisario s’assoient à la table des négociations. Une thèse que récuse l’ambassade des Etats-Unis au Maroc : «nous n’avons en aucun cas demandé à M. van Walsum d’annuler sa visite», affirme-t-elle. Toujours est-il qu’au ministère français des Affaires étrangères (Quai d’Orsay), on estime qu’en tout état de cause, cette annulation n’est pas un problème : «M. van Walsum voulait faire sa tournée pour préparer les négociations. Le Groupe des Amis du Sahara occidental aux Nations Unies était d’accord sur le fait qu’il fallait commencer les négociations au plus vite».Faire taire toutes les polémiquesAvec un tel empressement, du moins de la part des Etats-Unis et de la France, les polémiques susceptibles de retarder le début des pourparlers sont éteintes sans tarder. C’est le cas de celle concernant le cadre dans lequel les négociations doivent se tenir. Selon Ahmed Boukhari, «il y a une tentative américaine de placer les négociations sous l’égide des Etats-Unis. Le Front Polisario veut qu’elles aient lieu dans le cadre et sous les auspices des Nations Unies car le problème du Sahara occidental est un problème de décolonisation inscrit à l’agenda de l’ONU». Une inquiétude à laquelle l’ambassade américaine à Rabat répond aujourd’hui que «les pourparlers seront abrités et dirigés par les Nations Unies». Dans un registre analogue, au début du mois de mai, l’ambassadeur américain au Maroc Thomas Riley a semé le trouble lorsqu’il a proposé une médiation américaine en se disant «prêt à faciliter les négociations» entre les deux parties. Une prise de position hasardeuse qui fait aujourd’hui doucement rigoler dans au moins deux capitales européennes où l’on fait savoir que l’ambassadeur Riley «s’est avancé au-delà des intentions de Washington» pour l’une et qu’il a même été «un peu rappelé à l’ordre» pour l’autre. Par contre, il semble bien que les Américains soient prêts à intervenir si, d’aventure, les négociations venaient à s’enliser…Une option qui suscite la méfiance du Front Polisario comme de l’Algérie. Contrairement au Maroc qu’une telle éventualité ne semble guère émouvoir. Pas étonnant : tant par pragmatisme que par une approche sécuritaire du Maghreb, les Etats-Unis lui ont montré à plusieurs reprises qu’ils appréciaient le projet d’autonomie. Et c’est peu dire… Dès le 23 avril 2007, la diplomatie américaine a soumis au Groupe des Amis du Sahara occidental à l’ONU (qui travaille avec le Secrétaire général sur le dossier) un projet de résolution que le Journal Hebdomadaire s’était procuré. Celui-ci appuie ostensiblement le plan d’autonomie marocain ignorant le projet du Polisario, pourtant déposé en même temps que celui du Maroc aux Nations Unies. Et, aujourd’hui, à la veille des négociations, l’ambassade des Etats-Unis ne prend même plus de gants. Elle déclare, en effet, au sujet la dernière résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental que «la résolution 1754 pour laquelle les Etats-Unis ont voté et qu’ils ont fortement soutenue a pris en considération la proposition marocaine ainsi que la proposition du Polisario. Cependant, nous relevons que si la proposition marocaine représente des mois de travail acharné et un sérieux effort fourni par le gouvernement marocain pour résoudre le problème, la proposition du Polisario ne comporte aucune idée nouvelle». Difficile d’être plus explicite… Le Maroc peut de surcroît compter sur le soutien de la France puisqu’au Quai d’Orsay on tient peu ou prou le même discours que les Américains : «la proposition du Front Polisario déposée aux Nations Unies n’avait pas le même poids que celle du Maroc». Autant de prises de position qui font crier le Polisario et l’Algérie au complot franco-américain pour mettre à bas la «légalité internationale». Des négociations vouées à l’échec ?Néanmoins, la priorité des Américains reste l’ouverture des négociations au plus vite. A ce titre, ils ne semblent pas prêts à céder à toutes les requêtes du Maroc qui cherche à prendre de l’ascendant psychologique sur le Polisario. C’est notamment le cas au sujet de la présence de membres du Corcas à la table des négociations. «Les Nations Unies ont toujours désigné les parties impliquées comme étant le Front Polisario et le Maroc. Le 2 mai, j’ai signifié personnellement aux Américains que si le Corcas était présent aux négociations, il n’y aurait pas de négociations», raconte le représentant du Polisario aux Nations Unies Ahmed Boukhari. Le fait que vingt-quatre heures plus tard, l’ambassadeur américain à Rabat Thomas Riley signifie à la presse marocaine que, compte tenu de son rôle strictement consultatif, le Corcas n’avait pas sa place aux négociations n’est certainement pas un hasard. On le voit, la communauté internationale, et surtout les Etats-Unis, ont les moyens d’accélérer le processus des négociations quand ils le veulent. Mais quel que soit le degré d’empressement des uns et des autres, le conflit du Sahara occidental reste sous l’égide des Nations Unies dont les Etats-Unis ne sont qu’un des membres permanents du Conseil de sécurité. Et, comme l’Histoire l’a montré, toutes les négociations entre le Polisario et le Maroc ont jusqu’ici échoué. En cause : tant les deux parties qui affichent des positions inconciliables que l’incapacité du Conseil de sécurité d’imposer une solution. Aujourd’hui, hélas, le contexte dans lequel vont débuter ces énièmes pourparlers est le même. On ne voit même pas à partir de quel élément les négociations pourront débuter puisque, pour le Maroc leur base doit être l’autonomie, et pour le Polisario un référendum d’autodétermination.
Par Catherine Graciet
6/03/2007 9:21 AM
6/03/2007 9:21 AM
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